L'agent de rencontres - Kay

Encore une fois, mille fois pardon pour le "léger" retard... Sinon, un autre texte fait à la va-vite, style "écriture automatique", qui n'est pas, toutefois, sans me déplaire. Ça empêche de trop de se casser la tête et de se complexer, m'enfin. Dit la sophiste. Ahem.

J'ai essayé de jouer sur la syntaxe et les erreurs de, donc justement, c'est truffé d'anomalies linguistiques dont ma prof de français ne serait pas, mais pas du tout, fière. Je ne saurais dire si cela a vraiment un rapport avec le fond du texte, mais en tout cas, moi ça m'a bien amusée.

Bonne lecture!


L’attente

8:07
Un homme entre, un journal sous un bras, un chapeau dans l’autre main. Veston et pantalons fraîchement pressés. Son pas est petit, serré, sec. Ses chaussures vernies cliquent et claquent sur les tuiles du plancher. Il s’arrête, quelques secondes. Ses lèvres s’étirent, laconiques, elles aussi. Il attend.

8:10
L’homme sort, cliquetant et claquetant. Le concierge entre, vadrouille, seau et balai en main. Une femme le hèle, toute désemparée. Il lui tient la porte, la laisse entrer. Elle halète, reprend son souffle. Le concierge la reluque d’un œil friand. Elle lui jette un coup d’œil désintéressé, resserre la ceinture de son paletot. Ils attendent.

8:15
Le concierge sort. La femme, un peu plus tard. Puis, la porte s’ouvre sur un homme aux cheveux couleur poivre et sel. Une flanelle, un jeans troué, des espadrilles. Au téléphone, il n’entend pas l’homme qui l’interpelle au bout du corridor. Il s’agite, s’anime, s’enflamme à travers le récepteur. Il n’attend pas.

8 :19
L’homme sort. Une fillette accourt, la poupée à la main. L’homme lui jette un coup d’œil puis s’en va. La fillette appuie sur toutes les touches du clavier. Tout s’allume et son regard s’illumine. Les joues rosies, elle serre sa poupée contre sa joue. Elle regarde au plancher, regarde tout autour d’elle d’un œil curieux. Elle ne sait pas si ou ce qu’elle attend.

12 :54
Baladeur en main, un jeune homme entre. Sac à dos et cahiers, bouquin en main. Ailleurs, il choisit d’un air distrait. Plume qui clapote et tapote sur le mur, il ne remarque pas le facteur qui arrive. La peau qui perle un peu, celui-ci passe en revue les lettres à livrer, comme pour passer le temps. L’un n’attend pas, l’autre attend.

12 :56
Les deux sortent en même temps. Le veston, le paletot, la poupée, la flanelle et la vadrouille entrent tous. Chacun choisit, puis se fait tout petit dans son petit lopin. Coincés, on n’entend que leur respiration. Tous les regards sont tournés vers l’arche de la porte. Tous les yeux suivent la course des étages. Ils attendent.

13 :15
Ils entendent. Un bruit assourdissant. Un bruit peut-être inquiétant. Un choc qui soubresaute.

13 :26
Ils attendent encore. Ils se terrent dans le silence. La fillette girouette et virevolte. Les souffles halètent, les manteaux se desserrent, les manches se relèvent. On n’entend presque que seulement les vêtements se froisser et les cœurs pomper. La pénombre les enveloppe. Le trouble se traduit dans leur souffle court. Ils attendent.

13 :59
Ils attendent les techniciens. Il ne lit plus. Ils attendent les réparateurs. Elle ne joue plus. Ils attendent que 25 succède à 24. Il ne parle plus au téléphone. Ils attendent l’aurore. Il a posé son chapeau. Ils attendent. Elle a enlevé son paletot. Ils attendent qu’on vienne les chercher. Il a poussé son seau dans un coin. Ils attendent. Encore. Longtemps.

15 :47
Le concierge sort, une moue sur les lèvres. L’homme d’affaires sort à sa suite, s’essuyant le front. La fillette court rejoindre ses parents qui soupirent. Le jeune homme se remet à tâche. L’homme poivre et sel sort ensuite, un numéro griffonné sur un petit bout de papier à la main. La femme lui emboîte le pas, le pas agité, le regard ennuagé.

Ils n’attendent plus.

Bon, un texte sur les ascenseurs...

Bien que j'aie vu et trouvé intéressant le fait que l'homme ressort avec un numéro de téléphone, j'ai pas tout de suite compris le lien avec le titre du sujet bon, je suis pas vite vite, okay.

J'aime bien la forme... ca fait un peu vide, oui, et court, mais t'as bien abrégé l'attente après la "catastrophe" à quelques lignes, et c'est efficace (en partie pour tes petites phrases). Les métonymies sont bien choisies pour présenter les personnages, chose qui, selon moi, est nécessaire pour qu'on "sente" bien un texte qui se veut expéditif, télégraphique.

T'as peut-être mieux réussi à saisir "le moment" que moi dans mon petit coin sombre, même si ça s'étend sur un plus long intervalle... Mais n'empêche que j'ai trouvé que rien ne "ressortait" du texte... toujours plat (non pas plate!), toujours sur le même ton. Mais bon, ce devait être le but à ce que j'en vois.

Mais tout bien pesé, j'ai bien aimé... un peu semblable à ce que j'ai écrit pour ce même sujet, mais à la fois différent. Il y a une ellipse narrative qui éloigne le lecteur de la scène de façon plus marquée que dans mon texte... et c'est là que "l'action" se passe

Bon. Aussi, tu te mérites une claque pour le retard!