Bon... jsuis pas sûr de ma shot, alors laissez vos commentaires et vos impressions. Je sais que j'alterne souvent de point de vue, alors ramenez-moi le pas avant de comprendre pourquoi je l'ai fait
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Pourquoi ces stations de métro sont-elles si stériles? Vraiment, à mi-chemin entre un égout et une morgue, leurs murs composés de fragments de céramique blanche, elles hurlent : transit.
[Tout ce qui porte l’appellation « transit » n’est qu’incitation à filer sitôt son besoin comblé. Restos transit, motels transit, stations transit.]
La foule présente pourrait être comparable à ces minuscules tuiles mornes si elle partageait leur immobilisme, si son mouvement n’était pas tant apparenté à la mécanique des fluides : un courant incessant, certains s’entassant, certains se faufilant, mais l’ensemble restant toujours platement prévisible.
Dans la station elle-même, des bancs. Une personne assise, un banc vide, le suivant rempli des bagages d’une autre. Puis un banc libre. Puis une autre personne assise. Pourtant, tant de gens debout, immobiles, refusant de s’asseoir. Forcément bon pour les jambes. L’exercice musculaire journalier du voyageur… On voit qu’il a sa santé à cœur.
À trois pas, six personnes plus loin, des pièces sont déposées sur un comptoir. Deux regards se portent (trop) attentivement sur celles-ci. Plus que quelques secondes et la préposée lui remettra son billet. Continuer d’observer les pièces. Ne pas lever les yeux. Marmonner un « ‘erci » et s’en aller.
Un mouvement de foule. Le suivre? Y résister? Trouver un remous et y attendre patiemment?
Celui-ci arrive, l’air pressé. Croit-il avoir manqué son métro? Il regarde sa montre puis cherche partout au-dessus des têtes. Il est bien triste de ne pouvoir trouver quelqu’un à qui simplement demander quand l’on en a tant besoin.
Un original. Ça arrive toujours. Il tente de provoquer avec ses vêtements aux couleurs quasi-fluorescentes. Ne pas lui montrer qu’il réussit. Regarder ailleurs. Non, le regarder un peu, puis ailleurs. Ne pas montrer sa surprise. Passer son chemin.
Un bruit puis un courant d’air dans la station. Des lumières se pointent depuis le tunnel à gauche. La foule, fluide, coule vers les wagons, sans penser (comme à chaque jour) qu’un autre torrent viendra en direction inverse dès l’ouverture des vannes. Choc des deux courants. On joue du coude, on force son chemin. Ne pas regarder dans les yeux celui que l’on bouscule. Peu importe, après tout, on ne le reverra probablement plus.
À l’intérieur, sans espoir, pas de sièges libres. On s’accroche comme on peut, on trébuche en s’excusant timidement. Si, il y a des sièges libres, là, au fond. Décoratifs, probablement, puisque tous à proximité restent debout. Garder les yeux au sol ou fixer le vide. Les écouteurs blancs aident. Certains autres emploient le journal… Un peu démodé mais toujours efficace. Rester immobile.
Les vannes s’ouvrent et l’on maudit à nouveau le torrent inverse, celui-là même dont on faisait partie à quelques kilomètres de là. Nouveaux jeux de coudes.
Un mendiant appuyé contre le mur, son chapeau à la main. Soudain, les tuiles sur le mur opposé deviennent incroyablement attrayantes. Le pas s’accélère.
La foule, toujours aussi liquide, monte les marches, vers la lumière. Les murs stériles deviennent murs de pierre, murs stylisés. De l’extérieur, cela doit avoir l’air beau, esthétique. On délaisse le look « transit » de l’intérieur.
La lumière détonne un peu d’avec l’éclairage au néon oscillant. Aveuglement puis adaptation. Des voitures jaunes partout dans les rues. La foule s’éparpille, se dilue dans celle de la surface. Nouvelle étape solitaire dans cette interaction sociale quotidienne.