La Fin - KBlack

La pyramide est un bon compromis, finalement, je crois. On n’a pas la vue grandiose qu’on aurait eue sur un plus haut bâtiment, mais la proximité avec la population en dessous est assez intéressante. Je n’y avais pas pensé dans mes préparatifs, mais je suppose qu’on peut toujours être surpris, même en ce moment.

En effet, en-dessous, ça court dans tous les sens, ça klaxonne, ça essaie de se frayer un passage. Certains pillent, d’autres hurlent. D’autres allument des feux pour aucune raison plausible. Ça vaut la peine à voir.

On a une assez bonne vue sur la banlieue d’ici. J’ai évité de m’asseoir sur la partie supérieure faite en verre. Vu le chaos, ça pourrait briser. Et je ne voudrais pas me blesser, pas maintenant. Je continue donc de remplir ma pipe de pyrex, avant d’entendre des pas sur la tôle de la pyramide.

- « Je savais que vous viendriez. »
Le premier à s’avancer vers moi porte des rastas.
- « Mais bien sûr, un bucket de la fin du monde, c’est pas une occasion qui se présente deux fois. »
Le suivant continue :
- « J’ai checké sur wikipedia quand j’étais après partir. On devrait avoir environ une demi-heure à partir du moment où c’est lancé. Ensuite on a aucune chance de partir; rayon d’action de 21 kilomètres. »
- « De toute façon, regarde ça : personne n’ira nulle part. Comment vous avez fait pour vous rendre? »
- « Les gens sortent de la ville… pour entrer c’est plutôt facile. Pour une raison obscure, y’a pas grand monde qui pensent à aller dans les voies entrantes en sens inverse. »
- « Hahaha! j’aurais cru qu’ils se gêneraient pas… regardez ça : les gens pillent tout ce qu’ils peuvent. À quoi bon? Tout va brûler de toute façon. »
- « Peut-être qu’ils croient qu’ils vont s’en sortir. Ou que ça arrivera pas et qu’ils en profitent »
- « Mouais. Personnellement je crois qu’ils ont tous trop vu d’émeutes de fin du monde à la télé et au cinéma et qu’ils ont voulu faire pareil, au moins une fois. »
- « Ou qu’ils trouvaient normal de faire de même ».
Les deux dernières personnes à monter sont enfin rendues avec moi. Nous sommes maintenant 6 à attendre la fin dans la petite alcôve conçue pour abriter une des fenêtres du flanc ouest de la pyramide. »
- « Alors, paysans? On se le fume ce bucket? »
- « Bucket time. »
- « Quelqu’un a un lighter? »
- « Haha. Me semble que c’est un mauvais moment pour oublier ça. Tiens, prends le mien. »
Je prends la première puff.

- « Alors? Une demi-heure? Ça craint, ça nous laisse pas full le temps de faire le reste des trucs qu’on voulait faire à la fin du monde. »
- « Au moins on fait la plus importante. On est tous là. »
- « Mouais. »
- « Mouais. »
- « Haha… Je crois que finalement Halo 3 avait tort. The world will end with a bang, not with a whimper, hein lovely machine? »
En disant cela, je pars le chronomètre que je viens de régler sur un décompte d’une demi-heure.
- « Pourquoi tu fais ça? Tu vas être mort quand ça va sonner. »
- « Tu devrais le savoir, maintenant, pourquoi : on est toujours mieux de faire quelque chose pour le « pendant » plutôt que pour la finalité. »
- « Parlant de finalité… tu disais pas plus tard que vendredi qu’il n’y avait de fin à rien. »
- « Ouais, et je conserve mon point. « La Fin » est un concept purement humain. Seules les choses les plus insignifiantes sont pourvues d’une fin tangible pour nous. »
- « Mmhh… En tout cas nous, on a une fin. »
- « Exactement. »
- « Vous croyez que quelques personnes vont survivre? »
- « Probablement les « dirigeants », ceux-là mêmes qui ont décidé de tous nous tuer... »
- « … for the greater good. »
- « Mouais. Peut-être que c’est eux qui méritent le plus de survivre, au fond… Je regrette juste de pas pouvoir les voir essayer de jouer les chasseurs-cueilleurs parmi les ruines radioactives, maintenant que la populace sera pus là pour faire son sale boulot. »
- « Hahahaha! »
- « Mais bon. Ça a pas d’importance, je suppose. Tout cela ne vaut plus rien, maintenant. Définitivement. »
- « Alors buvons à rien ? »
- « Indeed. Mais on n’a rien à boire. On aurait du faire comme ces connards et en voler quelque part. La bière ça doit bien être la seule chose qui vaut la peine à voler en cas de fin du monde. »
- « Haha… mais t’as raison. Tout ce qu’on a pu faire jusqu’à maintenant vaut pus grand-chose maintenant. À quoi bon entreprendre des grandes choses si ça a pas pu nous faire survivre plus longtemps que ça ? »
- « Come on, tu devrais avoir appris mieux que ça. Ça t’a pas fait survivre plus longtemps, mais ca t’a fait vivre pendant tout ce temps, non ? »
- « Hum. That’s right... »
- « …Randy ! »
- « What the fuck… »
- « Hahahaha ! »
- « Hum… c’était la dernière puff je crois. »
- « On en bourre un autre ? »
- « Haha… c’est pas comme si le cancer allait nous prendre subitement. »
- « Let’s go, then. »
- « Reste que si on voit ça d’un autre côté, le taux de mortalité de l’humanité peut pas aller ben plus haut qu’une mort pour une naissance. À long terme, ç’est business as usual. C’est juste que maintenant ça va arriver à tout le monde en même temps… »
- « Pis encore… c’est même pas sûr qu’on va l’atteindre, le 100%. »
- « En fait c’est pas mal sûr que non. Mais ceux qui restent vont avoir une vie de merde. »
- « Qui sait, peut-être qu’elle va être préférable à la nôtre. Faut pas juger les autres. »
- « Haha… Sale hippie. »
- « Checkez ça dans le ciel. Les missiles commencent à arriver. »
- « Ceux-là sont sûrement pour les plus grandes villes et les bases militaires. Notre tour va venir plus tard. »
- « On dirait que Québec va être 2e même pour la destruction. Y’a de quoi déprimer les partisans de la rivalité Québec-Montréal. »
- « Pas pour longtemps je suppose. Pfft hahahaaa, »
- « Bah, vous êtes trop négatifs. Pour ceux à qui ça importe, on a survécu plus longtemps que les montréalais. »

Plus tard, le chronomètre sonne.
- « HA! Tiens, t’as pu voir la fin! »
- « En effet : regarde. »

Le champignon nous brûle à tous les rétines. La main de quelqu’un cherche la mienne pour me donner le bucket malgré la douleur qui nous martèle les yeux.

L’avantage, c’est que j’ai bas besoin de briquet cette fois. Le pyrex craquèle et fond avant que je puisse le demander, puis la peau de mon visage est soufflée par le vent atomique qui l’a transformée en cendres carbonisées.

Que dire, que dire? Si j'ai bien compris, pour pouvoir rattraper mon concurrent sur le forum de saint-machin, je dois te demolir, c'est ca?

AVEC PLAISIR!

Bon, soyons serieux. Okay, t'as pas eu l'idee geniale que tu voulais avoir, mais bon, le Messie, il vient pas sur commande lui non plus, faut s'y faire. Okay, tu t'es rabattu sur un texte de fin du monde-fin du monde. Big deal. L'histoire ici, c'est pas juste d'avoir une bonne idee, c'est savoir l'ecrire, c'est autant le fond que la forme, non? C'est pas juste ce que tu dis, c'est comment tu le dis!

Alorsss. Un texte presque tout en dialogue, ca change un peu, c'est bien. Bon choix selon le theme que tu as choisi. Decouvrir le fil, le ou-veut-il-en-venir-avec-ca a travers le discours des personnages, c'est souvent gagnant et ca l'est ici aussi.

Petit bemol, j'accroche toujours a certains mots. Oui bon okay, c'est du vrai monde qui parle, mais sur 97% du temps, ils parlent relativement bien dans leur parler de rue. Et le 3% qui reste, je sais pas, un petit laisser-aller peut-etre qui detonne avec le reste? Familiaire sans verser dans le populaire, c'est comme ca que je le vois...

Sinon, une drole d'histoire. Je dois avouer que pendant un moment, j'ai bien cru que ca allait etre un texte de... (junkie). Et bon, ca ne m'aurait pas deplu non plus... haha

Prout.

J'trouve que tu me pourrais repondre autre chose, tse! J'sais pas, approuve, nie, defends-toi, etaie... Allez, on peut jaser la!

HAHAHA je viens tout juste de terminer de lire ce texte et sérieusement Kévin j'imagine très bien le moment: moi, toi, Max, Oli, Séb et Renaud après se fumer des buckets durant la fin du monde. À chaque fois qu'on parle de la fin du monde sa se conclu toujours par sa. On sait pas exactement qui qui parle, mais on peut très bien voir certaines phrases typiques du styles de chacun.

Information pour Kay: on parle pas si mal quand on se parle entre-nous.

Hahaha... Désolé pour le court post, j'étais sur un ordi de l'école à la course et jvoulais juste signifier mon indignation :p

Bon, pour étayer ce commentaire qui était quand même profond malgré l'unicité de son mot, voilà: J'ai vraiment écrit ce texte là pour le fun. Et comme hommage, aussi. Hommage à... euh... mes compagnons de guerre? Ou de vie, même chose... (quoique "compagnon de vie" c'a l'air gay). Anyway, on s'est toujours dit qu'en cas de fin du monde, on allait se retrouver pour se fumer un bucket, pis étant donné que ca arrivera probablement pas, ben j'ai décidé d'au moins écrire là-dessus.

Le dialogue "pur" c'est quelque chose que j'ai décidé d'employer (c'est vrai que je le fais pas souvent) pour montrer que ca peut être n'importe qui de nous 6 qui dit n'importe quelle phrase, à quelques exceptions. C'est sûr qu'à des places y'a des indices qui font qu'on sait qui a écrit telle ou telle, mais en général j'ai voulu faire un genre de "grand cahier" avec ca.

Pour le vocabulaire, je sais pas. J'ai bcp essayé de m'inspirer de nos discussions de buzzés, où on utilise des expressions communes mais des mots "savants" quand même. J'ai ptêtre un peu de misère avec les registres de langue en général (jveux pas écrire qqch qui ressemble à Michel Tremblay, mais jveux pas que ça ait l'air stérile non plus), mais encore une fois, j'ai écrit ça pour le fun and I couldn't be bothered. J'ai quand même essayé de me forcer à corriger mes temps de verbes pcq je savais que t'allais commenter si yen avait 2 qui étaient pas au même temps Kay mais j'avoue que j'avais pas pensé que tu te rabatterais sur autre chose haha...

Reste que nos conversations autour d'un bucket ressemblent souvent à ca... mais j'ai abréger pcq d'habitudes y'a des grosses boutades de n'importe koi en plein milieu de la conversation.

Note sur le contexte surutilisé de la guerre nucléaire: jtrouvais que ctait le contexte le plus glorieux pour se fumer un bucket, c'est tout. J'ai laissé la raison derrière tout ça floue parce qu'au fond c'est pas si important, en fait c'est même pas réaliste alors j'ai pas essayé de faire semblant Jvoulais quelque chose d'intrinsèquement stupide, man-made et soudain.

Dans le fond le texte c'est un collage de mes (nos) réflexions sur la fin du monde... comme je disais à M-E, j'ai oublié d'inclure la religion... fuck.

J'ai eu un sourire tout le long de ma lecture. C'est pas de la fantasie que tu as mis sur papier, c'est du réel. Une bonne traduction de longues discutions, décousue mais colective comme dirait l'autre.

C'est vrai que t"aurais pu écrire encore longtemps! Avec tes multiples références bien placé (En fait, elles sont sorties de nul part, mais c'est pour cela qu'elle sont biens placées!)

D'ailleurs, la fin me fait clairement penser à quelque chose... mais je sais pas quoi encore...

La fin est directement tirée de Terminator 2, Max


(euh jveux dire Sensmurf)

Ah oui, j'avais oublié de te le demander, Kay, mais quand tu dis "L'histoire ici, c'est pas juste d'avoir une
bonne idee, c'est savoir l'ecrire, c'est autant le fond que la forme,
non? C'est pas juste ce que tu dis, c'est comment tu le dis!"

Tu veux dire que j'men suis bien sorti ou non?

hahahahahahahahahahahahaaaaaaa je men tords sur ma chaise de cafe internet. Litteralement.

Ben rien nest tout blanc ou tout noir, tout est tutu

J'trippe pas full sur la dentelle rose...